Souvent critique sur le niveau des expositions d’art à Clermont-Ferrad, voici une magnifique exposition qui, sans rivaliser avec les expositions parisiennes, est tout de même du niveau d’une capitale (!)…
Jean Dubuffet et son lien avec l’Auvergne
Le peintre et sculpteur, théoricien de « l ‘art brut », Jean Dubuffet (1901-1985) est un artiste de renommée internationale bien connu. Mais quel est son rapport avec l’Auvergne ?
Tout commence à l’été 1945. Jean Paulhan, futur directeur de la Nouvelle Revue Française invite Jean Dubuffet au château de Saint-Genès-la-Tourette, près d’Issoire, qu’il loue. Il rencontre Henri Pourrat en villégiature dans sa résidence secondaire au Vernert. En 1947, il fait la connaissance d’Alexandre Vialatte. Ils resteront des amis fidèles.
En 1954, l’épouse de Jean Dubuffet, Lili, doit se faire soigner pour des problèmes pulmonaires. Alexandre Vialatte recommande alors le sanatorium de Durtol. Elle y est hospitalisée. De juillet 1954 à janvier 1955, Jean Dubuffet se rend ainsi régulièrement à Durtol. Il se promène dans les environs, réalise de nombreux croquis, en particulier de vaches, il ramasse de la pozzolane à Gravenoire qu’il utilise dans certaines de ses statues.
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Alexande Vialatte évoque à de nombreuses reprises Jean Dubuffet dans ses chroniques. La première fois en 1953 et la dernière en 1970. C’est lui qui trouve le terme qualifiant les recherches de son ami : le Magma, bien en relation avec l’Auvergne.
Jusqu’à la fin de sa vie, Alexandre Vialatte lui rend visite régulièrement, toujours muni d’un Saint Nectaire !
Voici comment Jean Dubuffet parlait des auvergnats : « tous aventureux et entreprenants, parlant peu, faisant beaucoup, je les aime grandement ».
Une exposition réussie du MARQ
Cette exposition comporte des dessins inattendus de Jean Dubuffet (Lili au corsage à carreaux, Vieille maison et maison délabrée à Durtol) mais aussi quelques chefs d’œuvres (Jardin de fouille roucoule), des tableaux « classiques » (Site aléatoire avec deux personnages…) et des statues.
Des reproductions agrandies de chroniques d’Alexandre Vialatte sont mises en regard des œuvres.
L’exposition bénéficie de nombreux prêts par exemple de la fondation Dubuffet, du Musée des arts décoratifs de Paris, du Centre Pompidou ou encore de collectionneurs privés.
Les textes d’explication sont synthétiques, clairs et compréhensibles, ce qui est suffisamment rare pour être signalé ! Enfin un catalogue est disponible.
Bref, cette exposition est une grande réussite du MARQ et de la ville. Ce qui est très adroit est d’associer l’artiste et son lien avec l’Auvergne. Pourrions-nous rêver qu’un tel événement se reproduise tous les ans ?
A voir absolument, jusqu’au 30 octobre
Laurent TEITGEN
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